« Végétariens, ne soyez pas despotiques ! »

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« Les végétariens, ils sont chiants. Ce sont des bobos gauchistes. Ils bouffent de l’herbe et ils doivent en fumer aussi, parce qu’ils s’imaginent qu’ils vont changer le monde. Enfin bon, du moment qu’ils ne nous imposent rien, ça va. »

Voilà le discours typique des carnistes fiers qui se revendiquent amateurs des « bonnes choses de la vie », qui se proclament défenseurs de la bonne bouffe, et qui sont sur la défensive dès que l’on remet en question leurs habitudes alimentaires.

Tout·e végéta*ien·ne connait leur fameuse théorie du « cri de la carotte » qui n’est en fait qu’un « argument » grâce auquel ils parviennent à se déculpabilise. Le pire c’est qu’ils ont l’air de vraiment y croire ! Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette théorie, le « cri de la carotte » est une métaphore. Voici l’explication proposée par le site Vegan France :

Le cri de la carotte est une métaphore souvent amenée pour tenter de ridiculiser les défenseurs des animaux, les végétariens ou végétaliens. (…) Justifier la souffrance avérée, celle des animaux, par une souffrance supposée, celle des végétaux, est un procédé qui vise à rendre invisibles les victimes de l’exploitation, déculpabiliser les responsables et justifier la violence.

Pour résumer, cette « théorie » consiste à blâmer les personnes végéta*iennes car « elles ne mangent pas d’animaux mais ne pensent pas aux pauvres petits légumes qui se font arracher de la terre sauvagement ».

Je ne vais pas écrire trente lignes pour tenter de faire comprendre à ce type d’individus qu’il existe des différences entre un légume et un animal mais si elles arrivent à s’identifier à un concombre, alors je ne peux pas leur conseiller grand chose, sauf peut-être un diagnostic psychologique.

Quoi qu’il en soit, ce type d’argument est insupportable, d’autant plus qu’un•e végéta*ien·ne l’entend constamment. Pas un repas chez des ami·e·s ou de la famille ne se passe sans que le sujet ne soit abordé. Donc, lorsque vous êtes sur le point de sortir quelque chose comme « Mais tu ne manges même pas un bon steak ? » ou encore « Tu sais pas ce que tu rates », vraiment, abstenez-vous : ces mots n’apporteront clairement rien à personne et votre interlocuteur/rice les aura entendus à maintes reprises.

Je remarque aussi que beaucoup de gens ne savent toujours pas différencier une personne végétaRienne d’une personne végétaLienne. Ce n’est en fait pas très difficile à comprendre :

  • un·e végétaRien·ne ne consomme pas de viande NI de poisson mais consomme des produits laitiers et des oeufs.
  • un·e végétaLien·ne ne consomme AUCUN produit d’origine animale, ce qui est encore difficile dans notre société actuelle étant donné que l’on exploite les animaux partout et pour tout. Naturellement, le végétalisme est plus accessible de nos jours qu’il y a quelques années à condition que l’on ait la volonté de mettre la main à la pâte, car les industriels s’obstinent à incorporer des produits laitiers et des œufs dans leurs plats cuisinés, desserts, viennoiseries, etc.

En somme, ces deux régimes excluent la consommation de chair. Petite précision qui pourrait vous être utile : le végétalisme est le régime alimentaire des végan·e·s. Les personnes véganes ne consomment aucun produit d’origine animale dans leur vie quotidienne. Cette restriction ne concerne donc pas uniquement l’alimentation.

Mais quelque chose me chiffonne : un bon nombre d’omnivores (à tendance carniste) se révolte, criant au scandale, car les végéta*ien·ne·s voudraient apparemment imposer leur régime à tout le monde. J’aimerais vous soumettre une réflexion rapide…

Si les végéta*ien·ne·s ne consomment pas de chair animale (ou produits d’origine animale dans le cas des végétalien·ne·s), c’est dans la grande majorité des cas parce qu’ils/elles sont sensibles à la souffrance animale. Nous tombons d’accord là-dessus. Donc, puisque ces personnes sont sensibles à cette souffrance, elles ont décidé de ne plus consommer d’animaux. Logique. Dans ce cas, pensez-vous qu’il serait dans leur intérêt d’inciter les autres à manger de la viande ? Ne trouvez-vous pas ça normal qu’elles aspirent à ce que chacun•e sur cette planète cesse d’en consommer ?

Gardez bien à l’esprit que les végéta*ien·ne·s n’ont pas envie de répandre leurs habitudes alimentaires pour le plaisir de vous tyranniser. Ce n’est pas une question de goûts mais de convictions.

« Oui mais nous, on ne les force à rien, les végéta*iens, alors qu’ils respectent un peu nos choix ! » Ceci n’est pas un argument valable. Au contraire, il est absurde. Si les végéta*ien•ne•s ont cessé de consommer de la chair animale, c’est qu’ils/elles ont été sensibilisé•e•s au préalable, et qu’ils/elles se sont contraint·e·s à arrêter de consommer des êtres vivants par conviction. Dans ce cas, pourquoi leur demander de « respecter » une chose (l’abattage) à cause de laquelle ils/elles ont changé leurs habitudes alimentaire ? Ce serait comme vous demander de respecter le racisme alors que vous y êtes totalement opposé·e. Faites le rapprochement, car ces situations comportent bien plus de similitudes que vous ne le pensez.

Dernier contre-argument en réponse à celles et ceux qui prétendent, comme dans l’exemple précédent, que « manger de la viande est leur choix »… Une fois de plus, l’argument n’est pas valable puisque dans ce cas, le « choix » devrait impliquer plusieurs partis : le consommateur et le consommé. Or, l’animal n’est pas en mesure de faire le choix d’être ou de ne pas être tué (mais on imagine bien que s’il le pouvait, il choisirait la seconde solution). Dans des situations analogues de la vie quotidienne, comme dans une vie de couple par exemple, on accuserait une personne d’être égoïste si elle prenait des décisions par elle-même sans demander l’avis de l’autre en disant juste « J’ai décidé ça pour nous car c’est mon choix ». Évidemment, me direz-vous, « ce n’est pas pareil car une personne n’est pas un animal ». Ça, c’est un autre débat… mais on peut très bien garder cette analogie à l’esprit.

Malgré tout, je tiens à dire que je ne ressens aucun mépris ou autre sentiment négatif envers les omnivores. En tant que végétarien, je me sens bien dans ma peau et dans ma tête, mais pas supérieur à qui que ce soit. Je suis conscient que malheureusement, nous avons été conditionné·e·s pour consommer toujours plus de chair et que certain·e·s ont du mal à se défaire d’une habitude si profondément ancrée dans notre mode de vie. Le tout est de ne pas être fermé·e·s aux alternatives qui se présentent à nous et qui sauvent réellement des vies égales aux nôtres (j’insiste sur le terme « égales »… rappelez-vous qu’il y a quelques décennies seulement, lors de la Ségrégation aux Etats-Unis, les Noirs étaient officiellement considérés comme inférieurs aux Blancs, et qu’il y a moins de deux siècles, certains pensaient encore que les Noirs ne possédaient pas d’âme ni de pensées).

Pour conclure, les personnes végéta*ien·ne·s ne sont pas tyranniques ! Elles s’opposent simplement à la souffrance de tous les êtres vivants conscients. C’est pour cette raison qu’elles ont changé leurs habitudes en sacrifiant des choses qu’elles aimaient consommer, gustativement parlant. Ainsi, leur demander de respecter la consommation de viande n’a absolument aucun sens et le fait qu’elles refusent de respecter cela ne fait pas d’elles des tyrans.

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Source de l’image d’en-tête : Heligan.com


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